BEIGNE(T)S DE TOMATES BLEUES

Ce dimanche, nous nous sommes rendus à Marmande pour assister à la rencontre de rugby féminin US Marmande - Entente des Deux Vallées. Sponsor oblige me diriez-vous, certes mais aussi supporter de notre équipe féminine avant tout. Bref, du monde (match d'ouverture de la rencontre masculine Marmande-Orthez), beau temps et belle pelouse.

Le match a vite tourné à sens unique, surtout du point de vue du défi physique. Les Deux-Vallées sont en plus handicapées par un manque d'effectif criant, plombé par des blessures de longue date. L'équipe se présente avec 12 joueuses de champ (comme prévu à ce niveau de 3e division nationale) mais 2 remplaçantes seulement, et déjà pas complètement opérationnelles. Marmande se présente avec 12 joueuses et 9 remplaçantes.

D'entrée de jeu, les Périgourdines sont volontaires et courageuses mais ne répondent peu ou pas au défi physique imposé par les Marmandaises. Les Bleues et Blanches du Lot-et-Garonne imposent très vite leur vitesse de course et d'exécution. Plaquages et tampons ébranlent les Bleues et Roses du Périgord. A chaque fin d'action, le soigneur intervient de plus en plus, les bobos physiques deviennent aussi des bleus à l'âme et  puis les organismes lâchent quand craque le mental : deux filles sortent définitivement et sont embarquées pour l'hôpital de Marmande. Une autre, courageuse à souhait, joue avec une gastro-entérite en cours... Avant même la fin de la première mi-temps, les deux uniques remplaçantes sont déjà rentrées. Et le score est de 10-0 seulement, un exploit en soit vu la différence énorme de physionomie.

A la mi-temps, le moral est déjà bien en berne. Les attitudes des unes étant totalement opposées aux autres : les Marmandaises debouts, regroupées en cercle autour de leur entraîneur; les Périgourdines affalées sur le sol, éparpillées sur l'herbe et l'entraîneur, (trop ?) seul, debout, excentré par rapport à ses filles. Cela ne trompe pas....

En seconde période, le match est le même et à sens unique toujours :  Marmande avance, Périgueux contient tant bien que mal. A chaque regroupement, le soigneur entre à nouveau. L'Entente n'entend plus rien et perd son rugby. Et quand ça veut pas, ça veut pas : Sandrine, le capitaine de l'équipe, perce la ligne de Marmande, s'enfonce seule, dans une chevauchée fantastique vers la ligne d'en-but, pour un essai au allure de "tout est perdu, fors l'honneur". Elle est dans l'en-but, peut aplatir sans problème mais en voulant faire un mètre de plus se fait reprendre par une joueuse de Marmande, qui avait continuée son effort jusqu'au bout. Elle plaque Sandrine qui, dans sa chute, lâche le ballon et rate l'essai tout fait... Quand ca va pas, ca va pas !

Finalement, c'est Marmande qui marque un autre essai, transformé : 17-0 et le score ne bougera plus devant les arrêts de jeu trop fréquents, trop longs car les blessures sont plus lourdes à chaque fois. Le capitaine, oubliant son essai râté, et trois filles de l'équipe (N° 2, 3 et 10) essaient de faire le jeu, de continuer d'avancer mais rien ne change au final. L'arbitre, très bon, met fin à la partie : 17-0, 5 blessées de plus (dont deux à l'hôpital mais heureusement sans gravité puisque tout le monde rentrera à Périgueux), une malade et des dirigeants déconfits devant l'hécatombe subi sur un effectif trop juste à tous les niveaux.

On regrettera la manière de certaines choses. On peut perdre, c'est la loi fondamentale de tout sport, mais il y la manière de perdre : le courage, l'abnégation, les attitudes, le comportement, le regard, l'honneur du maillot... Tout a fait défaut à ce niveau-là. Il n'y avait pas d'équipe cet après-midi là, il y avait des joueuses agissant trop séparemment, malgré la volonté du capitaine et de certaines d'entre elles, seulement. La sortie du terrain, en terme d'images, a été dévastatrice : équipe "dégroupée", en chaussettes, soufflant, et certaines la cigarette allumée à la main. A croire qu'elles ont joué avec le paquet dans le short !!!

Nous restons plus que jamais supporters des Filles, mais supporter et/ou sponsor ne veut pas dire non plus tout accepté. Ce matin, on a mal à l'orgueil de sponsor d'une part mais, et d'autre part, notre soutien va aux dirigeants qui se démènent pour le club et sa promotion. Hier, ils ont pris de sérieux coups au moral et l'ambiance dans le bus ne devait pas être rose. Quant aux filles, il leur faudra se rendre compte qu'en dépit du classement général de la poule, la Deuxième Division est encore très, très, très loin, surtout si elles ne renforcent pas leur volonté mentale et leur impact physique. Elles devraient aussi "globaliser" leur action. Le club leur ressemblera : si elles sont bonnes, volontaires, courageuses et surtout "dignes" en toute circonstance, alors le club sera bon, volontaire, courageux et digne. Mais hier après midi, la sortie du terrain a donné une image bien piètre du maillot, des valeurs du club, du travail des dirigeants, et de ceux qui soutiennent le club et les Filles, et dans lequel nous ne nous sommes pas reconnus. Que le groupe n'oublie pas non plus qu'au-delà de l'intitulé MARMANDE-DEUX VALLEES, il avait marqué dessous "Championnat de France 3e division". L'équipe joue le championnat de France et non pas le régional ou le district. Encore que cela n'excuserait pas tout....

Croyons à l'accident de parcours; croyons à la prise de conscience du groupe; croyons à l'humilité des filles qui sauront travailler en silence et en écoutant l'expérience des entraîneurs, qui sauront respecter le travail des dirigeants à la construction des moyens mis à leur disposition pour jouer au mieux, grandir en toute sérénité et pouvoir récolter les fruits de la récompense en fin de saison. L'accession à la 2e Division Nationale est un objectif largement abordable. Mais pas hier après-midi, et de très loin...