ON A TESTE... LE MUSEE GALLO-ROMAIN DE VESUNNA

3 décembre 2006

Aujourd'hui, la météo nous rappelle que nous sommes bien au mois de décembre : plafond bas, nuages gris, plomb et noirs s'accrochent aux tours de Saint-Front, pluie fine et pénétrante, froid humide de circonstance, bref, une après-midi bien mouillée.

Que faire alors ? Et bien nous sommes allés voir et tester le musée gallo-romain de Vesunna, objet de toutes les attentions de la municipalité de Périgueux.

Il faut reconnaître que l'histoire antique de Périgueux est très importante tant la ville de Vesunna était grande à partir du IIe siècle avant JC. C'est donc un musée très grand, riche et incontournable de la ville. Or, ce musée a été l'objet d'une critique acerbe fin août début septembre. Il se trouve, en effet, que le musée a enregistré une baisse significative de la fréquentation par rapport à l'année dernière. Pas de quoi non plus le mettre en péril mais les chiffres sont là. Une partie de nos édiles pétrocores ont fustigé le caractère élitiste du musée...

La polémique a enflé pendant la fin de l'été puis s'est arrêtée aussi vite qu'elle avait commencé. Soit. Nous avons donc décidé d'y aller voir par nous-même, en jouant le touriste de base.

Il faut savoir que le musée présente les collections des vestiges trouvés dans Périgueux, dans ses alentours mais aussi dans le "domus de Vesunna". En effet, nous visitons les restes d'une grande villa de 4 000 m², qui était à l'époque sise en plein centre du Périgueux antique. Il faut bien compter une heure à une heure et demie de visite pour couvrir le tout, en prenant son temps. Et nos conclusions sont les suivantes :

ON A AIME :

- La richesse du musée et la pertinence des vestiges exposés. On ne croûle pas sous des centaines de vestiges exposés par dizaines et de même nature au risque d'être exposé à une forme de saturation qui dégoûte pour le reste de la visite. La sélection est bonne et met en avant la richesse et le côté unique de la pièce exposée. Et, reconnaissons-le, certaines sont vraiment très belles. D'autres, leur simplicité conservée efface l'espace-temps et nous rappelle que nous n'avons rien inventé. Les objets de la vie quotidienne sont à ce point si bien conservés qu'on pourrait croire qu'ils servaient encore hier.

- Le vaste abri de verre qui couvre la totalité de la "domus" en une fois, sans murs. Ce volume crée un sentiment de grandeur qui rappelle ce que devait être la taille de cette demeure.

- Le parcours sur ponton de bois qui affleure les vestiges des fondaisons des murs et pièces. On "marche" dans la villa et on "entre" dans certaines pièces de la maison.

- Le regroupement des vestiges relatifs à l'habitat et à la vie quotidienne dans chacune des parties de la maison (constructions des murs, techniques de constructions des fenêtres, la cuisine, la préparation des plats, les jeux et loisirs des gallo-romains, l'eau dans la villa, les ateliers qui entouraient la maison, etc...)

- La facilité des informations, leurs compréhensions et leurs accessibilités à tout public. On est donc loin du soit-disant caractère élitiste mis en avant par certaines personnes plus ou moins proches de la mairie mais aussi plus ou moins opposées à celle-ci. Franchement, aucune difficulté liée à trop de technicité n'a été perçue.

ON A MOINS AIME

- La situation des plaques explicatives : au ras du sol ou entre deux énormes tambours de colonne !!! Il faut toujours se baisser, se tordre, ramper, puis loucher enfin sur les écrits !!! A force, ça lasse et on ne se donne plus la peine d'aller aux informations.

- Le faible éclairage de l'ensemble de l'abri de verre couvrant la villa. Il était 16h30 quand nous sommes avons quasiment terminé la visite et il faisait presque aussi sombre qu'à l'extérieur (je rappelle qu'il pleut à ce moment-là). Cela donne un air un peu lugubre jumelé au silence assourdissant de l'endroit. On ose à peine parler fort vu l'écho.

- L'audioguide ne vous servira finalement à rien : les explications sont celles que l'on retrouve sur les panneaux et les "extentions" d'informations proposées par l'audioguide ne sont pas plus complètes ou précises que lesdits panneaux. Epargnez-vous l'euro demandé pour obtenir l'appareil.

Nous avons interpellé le personnel de l'accueil sur le problème des plaques. Ils ont levé les yeux au ciel et nous avons appris que nous avions vraiment mis le doigt sur un problème douloureux. Nous avons également appris que l'architecte avait même souhaité que ces plaques ne soient pas mises pour que le visiteur fasse l'effort de comprendre et que ce soit un choc entre l'homme et la matière ou son passé... Bref, un bon délire masturbatoire pseudo-philosophique...

Parfois, un architecte créateur ne devrait pas être sollicité. Il est souvent dans son délire et oublie la fonctionnalité du musée mais aussi son accessibilité à l'information et à sa compréhension. Il paraît même, toujours selon les personnes du musée, qu'on l'a obligé à accepter les plaques d'explications... Un musée doit être conçu par un architecte spécialisé (Bâtiments de France par exemple) puisqu'il sera plus sensible à la mise en valeur de l'objet (exposition et explication) tout en étant accessible aux visiteurs dans leur large majorité (recherche de l'information, compréhension et assimilation sans effort de celle-ci.)

Personnellement, j'aurais illuminé cette cage de verre : la villa n'est pas morte. Il n'est pas besoin de cette atmosphère silencieuse, triste, presque de recueillement. La villa romaine était un lieu de plaisir et de bien vivre. Alors pourquoi ne pas imaginer également une ambiance musicale légère couplée à des bruitages d'eau qui coule, de bruits d'ateliers, de rires, de paroles, etc... Comme si la villa vivait ???

A vous de voir et de juger. Et n'hésitez pas à nous laisser vos avis !!!